Si les jardiniers grognent en permanence sur le temps qu’il fait, ils ne râlent jamais sur le temps qui passe, leur endroit privilégié grandissant, se peaufinant avec bonheur au fil des ans. Lorsque Nadine et Christian ont créé ce site Internet, j’ai eu le plaisir d’écrire un billet d’ouverture. J’y décrivais nos liens d’amitié et le lieu où ils vivent en compagnie de leurs plantes chéries…
En reprenant ce texte, des années plus tard, je n’ose plus dire depuis combien de temps j’admire les connaissances botaniques de Nadine et de Christian.
Leur jardin, comme notre affection, pousse avec les années. Dès l’entrée, un sublime Romneya nous accueille avec élégance et exubérance.
A gauche, devant la simple et authentique longère, des érigerons, des méconopsis et une myriade d’ancolies se ressèment à tout va dans les graviers, assiégeant les potées opulentes de cosmos chocolat et de verveines de Buenos-Aires. Là, se dorent au soleil chiens et chat, à l’entrée de la grange-bureau-accueil.
A droite, la pépinière présente, sagement rangées dans des châssis en bois, des plantes qui jouent parfois les herbes folles.
Plantes sages pour jardin sauvage ? Ou plantes sauvages pour jardin sage ? On ne sait plus, tellement elles sont reines et font ce qu’elles veulent.
Le visiteur se précipite pour ne manquer aucune minuscule rareté, spécialité du maître de maison. Christian nous entraine, par la pensée, en Amérique, Asie, Méditerranée, et bien d’autres contrées à travers les plantes qu’il affectionne.
Nadine, en installant une anémone dans un massif, raconte que toutes ces plantes ne constituent pas un jardin : ce sont simplement des carrés de pieds-mères qui servent à la multiplication et à la sélection de semis spontanés.
Mais ne l’écoutez pas : ces carrés sont ravissants. Elle a le talent de domestiquer en douceur ces vagabondes qui s’installent où elles ont envie. Scabieuses noires, alchémilles chartreuse, campanules d’azur…
Dans les prés entourant la pépinière, à perte de vue, se dessinent des allées brodées de pommiers, de somptueuses pivoines en arbre et de bosquets qui roussissent à l’automne, invitant à une balade romantique.
A quel moment faut-il visiter la pépinière ? En février et mars, pour choisir les hellébores qui vivent en pleine terre. En avril et mai, quand les bulbes sont à leur apogée… En mai, juin, juillet, lorsque les clématites enguirlandent tonnelles, arbres, arbustes…En plein été, lorsque les vivaces se faufilent et fleurissent entre le moindre interstice…A l’automne, pour admirer les hortensias à feuilles de chêne embrasant le bord de la pièce d’eau….. Plus simplement, tout le temps, lorsque l’on désire voir les plantes du catalogue en situation.
Noémie Vialard